Mathieu Merlet Briand
Exposition “Non-site”
Texte de Anaïs Lerendu 
Prix Dauphine Pour l’Art Contemporain | 2016 | Fr | En 


En  

The exhibition project Non Site questions the double notion of “site”: physical and virtual. It is a composition of objects generating a space, out of any temporality and inviting the spectator to experience a “fictional-archeological” dimension.
The pieces are textured using digital drawings from “Google Matter”, a software developed by the artist. These patterns are processed by reusing images of minerals found on Google Search (limestone, granite, carrara marble…).
By a reappropriation of Robert Smithson’s concept about “Site, Non Site”, the artist questions the notion of fragmentation that can be found in digital ruins and the artifact of their texture.



Fr

Robert Smithson définit la notion de « Site» dans son oeuvre comme un espace localisable géographiquement. Il réalise ce qu’il nomme  des « Nonsite » (« Nonsite (Slate from Brangor, Pa) », 1968), installations où l’artiste présente des éléments, le plus souvent des rochers,  des pierres, recyclés dans des bennes, qu’il a  préalablement extrait de « Site ». Ces sites (géologiques), n’ont pas de contingence permanente et peuvent être affectés par le temps contrairement aux « Nonsite», qui, à la manière dont Mathieu Merlet Briand réalise ses «  google matter » - où la benne est ici métaphoriquement le logiciel - , viennent fixer un moment, un  « espace » et le rendent immuable. Sites géologiques et sites internet sont

appréhendés ici comme des lieux, espaces virtuels ou réels en constante transformation.  Nous avons ainsi joué sur le double sens du terme site pour concevoir notre projet d’exposition « Non-site ». Ce projet est constitué de matériaux recyclés,  de débris, dont les requêtes faites au moteur de recherche correspondent à différentes matières minérales. Ils appartiennent à ce « tout » infiniment extensible qu’est google. Arrachés à ce tout absent, ils s’appréhendent dès lors pour nous comme des ruines. Les pièces présentées traduisent une esthétique du fragment comme le décrit Sophie Lacroix : « isolé, [le fragment] fait sentir ce qui est séparé de lui, le tout absent, et fait appréhender ce qui manque : une instance de liaison qui fait tenir ensemble les parties  ». Ces fragments « post-digitaux » viennent mettre en abîme la dématérialisation de notre société. En ce sens, cette « dé-matérialisation  » nous amène conséquemment à la condition de ruine. A travers la suggestion d’un paysage en ruine, l’agencement des objets dans l’espace évoque alors une scène, un univers, hors de toute temporalité où le spectateur est invité à éprouver cette dimension d’«  archéologie-fiction  ». Il se retrouve de fait, sur un site où dialoguent différentes références temporelles, entre faux vestiges archéologiques et faux matériaux, il est alors invité à se projeter dans l’illusion d’un ailleurs. Ces ruines, fragments d’une totalité, induisent un vertige face à l’infinité des données numériques. Ce projet d’exposition suggère une destruction « programmée » de l’ère numérique sous la forme de « ruines futures », il fait écho au goûts des fausses ruines de l’art du XIXe siècle, et à la « Vue imaginaire de la Grand Galerie du Louvre en ruines » d’Hubert Robert réalisée en 1796.  Enfin ces ruines, fait de fragments de « colonnes » et de « blocs de pierres » évoquent, symboliquement, un édifice d’une grande puissance, Google. Mis en ruine, il questionne ainsi sa matérialité, la pérennité de son autorité  contemporaine, la fragilité des données qui le constitue.

Texte de Anaïs Lerendu, curator.


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